Articles de 8r-b

  • Le spectaculaire Méliès

    À ne pas rater : l'exposition sur Georges Méliès (1861-1938) sur la Promenade Atapuerca, devant le Musée de l'Évolution. Elle dure jusqu'au 24 mars*. C'est gratuit et enrichissant à la fois! Parmi les objets exposés, c'est la maquette des studios cinématographiques de Méliès à Montreuil qui attire particulièrement l'attention des visiteurs.

    Au premier plan à gauche, on peut voir Georges Méliès à l'œuvre.

    Au sujet de la présence de ce pionnier génial à la première projection des frères Lumière à Paris le 28 décembre 1895, il existe une anecdote curieuse qui ne figure pas dans l'expo. Comme il a tout de suite été intéressé par l'invention des Lumière, Méliès leur a demandé de la lui vendre. Or, Auguste lui a répondu : "Remerciez-moi, je vous évite la ruine car cet appareil, simple curiosité scientifique, n'a aucun avenir commercial!".

    * Les horaires de l'exposition : en semaine, de 12h30 à 14h puis de 17h à 21h; le week-end de 11h à 14h puis de 17h à 21h.


  • Des employés extraordinaires

    Regarde cette vidéo (4'07) qui présente Le Reflet sans lire les sous-titres et réponds aux questions suivantes :

    1. Combien d'employés extraordinaires travaillent au Reflet Nantes?
    2. Pourquoi l'architecture d'intérieur et le design des objets ont-ils été adaptés?
    3. Pour Thomas, en résumé, bosser avec eux est une…
    4. Leur façon d'appréhender la vie a quel effet sur Virginie?
    5. Pour Flore, il s'agit d'un double défi, lequel?
    6. Pourquoi ont-ils ouvert un Reflet à Paris?

    Les réponses sont dans la rubrique "Soyons MALINS".

    Comme on peut lire à l'entrée de ce resto, "n'oubliez pas d'être incroyable chaque jour!". ;D

    Voici le lien du site : https://www.restaurantlereflet.fr/


  • Handicap et inclusion

    Combien de personnes en situation de handicap y a-t-il en France? Sont-elles intégrées dans la vie active? Les deux infographies ci-dessous nous apportent quelques réponses chiffrées.

    Quelle est la situation en Espagne? En 2017, 5,9% de la population entre 16 et 64 ans était en situation de handicap reconnue. Les deux tiers des personnes handicapées en âge de travailler sont au chômage.

    Pour en savoir plus en espagnol :

    https://www.discapnet.es/actualidad/2018/04/el-informe-olivenza-revela-las-cifras-de-la-discapacidad-en-espana

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  • Solution "Allez leur dire"

    Avant de lire ce billet, lis le questionnaire dans la rubrique "La puce à l'OREILLE".

    Voici les réponses à la question lexicale sur la chanson Allez leur dire (2019) de Silvàn Areg :

    • ça m'est égal : je m'en fous
    • je ne suis pas la mode : je ne suis pas dans le coup
    • un village : un trou
    • faire des bêtises : faire les 400 coups
    • essayer : tenter le coup
    • un ami : un pote
    • une punition à l'école : une colle
    • un enfant espiègle : un chenapan
    • échouer : se planter


  • Solution "Ma jolie"

    Avant de lire ce billet, lis le questionnaire dans la rubrique "La puce à l'OREILLE".

    Voici les réponses à la question lexicale sur la chanson Ma jolie (2018) de Claudio Capéo :

    • pleurer : avoir les yeux mouillés
    • laide : moche (familier)
    • beaucoup écrire : noircir des pages
    • partir: prendre le large
    • talentueuse : douée

  • Interview de Romuald

    - Bonjour Romuald! Depuis quand êtes-vous en Espagne?

    - J'y suis depuis 8 ans.

    - Quelle est la première ville espagnole dans laquelle vous avez vécu?

    - Je suis entré par Ceuta, puis je suis allé à Algésiras et après à Cadix et Xérès. J'y ai passé peu de temps, plus ou moins 1 mois.

    - Quelle a été votre première impression de l'Espagne?

    - Que tout es joli, tout est beau, tout est propre.

    - Et plus précisément, quelle a été votre impression de Burgos?

    - Pff… Quand je suis arrivé, à 8 heures du matin, tout était sombre et j'ai failli mourir de froid. Je me suis posé la question de savoir dans quel monde je m'étais mis, parce que tout était différent du sud où il faisait chaud, le jour se levait un peu plus tôt, et à Burgos, c'était tout obscur et je ne voyais rien. Je me suis dit que dans cette ville je ne resterai pas!

    - Et pourquoi n'avez-vous pas quitté la ville?

    - Dans un premier temps, j'avais signé un contrat de 3 mois avec une association qui m'obligeait à y rester, et après, la ville m'a plu. La tranquillité, comparativement à d'autres villes où j'ai été, et voilà… J'y suis resté et finalement ça me plaît.

    - Qu'est-ce qui a été le plus difficile pour vous pour vous intégrer?

    Les gens. Parce qu'ils sont un peu trop fermés, ils ne s'ouvrent pas facilement et ce n'était pas facile du tout d'établir un contact avec eux.

    - Et la langue? C'était un obstacle?

    - Je n'ai pas eu trop de problèmes pour apprendre la langue espagnole. J'ai eu de bons profs et en 2 ou 3 mois, je comprenais plus ou  moins ce qu'on me disait et je pouvais établir une conversation.

    - Avez-vous senti de la discrimination?

    - En vérité, moi personnellement, non. Je ne sais pas si c'est dû à mon état d'esprit qui me laisse ouvert et n'interprète pas mal les gens.

    - Et vous, vous êtes raciste?

    - Non, mais je n'aime pas l'hypocrisie.

    - Quels étaient vos projets quand vous avez quitté le Cameroun?

    - C'était d'être indépendant, d'avoir un bon avenir et d'aider ma famille au Cameroun, et aussi de fonder la mienne ici, si possible.

    - Et vous avez réussi?

    - Une grande partie de mes projets, oui. Mais pas pour tous, je suis toujours en chemin.

    - Comment vous êtes-vous adapté à la culture espagnole?

    - Si le froid en fait partie, je ne me suis toujours pas adapté. En ce qui concerne le reste, ça me plaît, c'est presque pareil à la culture camerounaise.

    - Quelles sont les différences les plus importantes entre les deux cultures?

    - Bon, je comprends bien la question. Mais je suis un garçon de la ville, pour moi la différence qu'il peut y avoir sera au niveau de la tradition, et au Cameroun, il y a beaucoup de traditions qui se pratiquent dans les villages. Et dans ma ville, nous sommes un peu plus modernes.

    - Qu'est-ce que vous pensez de notre gastronomie?

    - Très bien, ça me plaît beaucoup. S'il y avait un peu de piment, ça serait beaucoup mieux.

    - Quel est le plat que vous aimez le plus? Et celui qui vous plaît le moins?

    - Alors… La paella me plaît beaucoup, mais la façon de faire l'agneau au four me plaît aussi. Ce que j'aime le moins, c'est la soupe à l'ail.

    - Qu'est-ce qui vous manque de votre pays?

    - Pff, beaucoup de choses…

    - Par exemple?

    - Beaucoup de choses qu'il n'y a pas ici, ma famille, mes amis d'enfance, certains plats camerounais aussi, mon beau pays…

    - Merci bien, Romuald, pour avoir répondu aussi gentiment à mes questions.

    - Je vous en prie.

    (8rB remercie Lourdes et Romuald)


  • Les mots ont la bougeotte (4)

    Avant de lire ce billet, fais le QUIZ sur le même thème. Ici, tu trouveras simplement des explications complémentaires.

    Les mots ont la bougeotte (4)

    1/ En espagnol, "legumbre" vient du mot français "légume".

    Faux, tous les deux sont dérivés du latin "legumen" qui signifie "plante à gousse". En français, le sens s'est étendu à toutes les plantes potagères. Le mot espagnol correspond à "légume sec".

    2/ Le terme "sopa" en espagnol provient du français "la soupe".

    Faux, il vient du germanique, le mot français aussi.

    3/ Le mot français "la purée" a une origine espagnole.

    Faux, c'est le contraire. En français, ça désigne un mets à base de légumes écrasés, moins liquide que la soupe. Attention, le genre diffère puisqu'il est masculin en espagnol.

    4/ Le terme "bullabesa" en espagnol a une origine française.

    Vrai, c'est la bouillabaisse, un plat typique de Marseille à base de poisson.

    5/ Le mot "vanille" en français découle de l'espagnol.

    Vrai, il provient du mot "vainilla", diminutif de "vaina" (une gousse).

    6/ Les termes "patate" et "patata" ont la même origine anglaise.

    Faux, le mot français vient de l'espagnol qui à son tour provient d'une langue indienne d'Haïti.

    7/ En français, "une aubergine" vient de l'espagnol.

    Faux, ça vient du catalan "alberginia" qui à son tour provient du persan, dont découle le mot espagnol "berenjena".

    8/ Le mot "tomate" vient d'une langue amérindienne, le nahuatl.

    Vrai. Attention, le genre diffère! Il est féminin en français et masculin en espagnol. Le mot a intégré le français à travers l'espagnol.

    9/ Le mot "gambas" en français provient de l'espagnol.

    Vrai, mais le sens diffère un peu puisqu'il désigne une grosse crevette. On l'utilise toujours au pluriel.

    10/ En français, "une banane" a une origine portugaise.

    Vrai, mais le mot "banana" en portugais provient d'une langue de Guinée.

    Récapitulatif :

    Mots en français qui viennent de l'espagnol : gambas, patate, tomate, vanille

    Mots en espagnol qui viennent du français : bullabesa, puré


  • Emmental ou gruyère ?

    Quelle est la différence? Question fondamentale! De l'ordre de… Es-tu pour ou contre le nucléaire? Comment vivre sans stress? Existe-t-il une autre planète habitable dans l'univers?

    Leur différence ne réside pas dans leur origine puisque tous les deux sont des fromages suisses. Le gruyère porte le nom d'une petite ville médiévale du canton suisse de Fribourg, Gruyères, tandis que le nom d'emmental provient de celui de la vallée de l'Emme, dans le canton de Berne. Mais seul le gruyère bénéficie d'une AOP, une appellation d'origine protégée, c'est pourquoi on peut fabriquer de l'emmental dans toute la France.

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  • Solution de "Pourvu"

    Avant de lire ce billet, lis le questionnaire dans la rubrique "La puce à l'OREILLE".

    Voici les réponses à la question sur la chanson Pourvu (2019) de Gauvain Sers : il y a 21 verbes différents.

    Pourvu qu'elle ne trouve pas ridicule
    Pourvu que je ne lise pas
    Pourvu qu'il y ait pas un énorme blanc
    Pourvu qu'elle ne prenne pas le premier train
    Pourvu qu'elle ne me trouve pas couillon
    Pourvu qu'elle connaisse Coquenstock
    Pourvu qu'elle ait le sens de l'amour
    Et qu'on n'ait pas de chagrin d'humour
    Pourvu qu'elle digère bien les huîtres
    Pourvu qu'elle gueule contre l'arbitre
    Pourvu qu'elle lise les cartes Michelin
    Pourvu qu'on s'échange nos bouquins
    Pourvu qu'elle vole mon marque-page
    Et qu'elle ne soit pas trop maquillage
    Pourvu qu'elle parle à mes copains
    Pour que ça devienne ensuite les siens
    Pourvu que son père ne soit pas le sosie
    Pourvu qu'elle sache qui est Le Prest
    Pourvu qu'elle ne vote pas pour la peste
    Pourvu qu'elle s'entoure d'une écharpe
    avant qu'elle parte
    Pourvu qu'elle ait la larme facile
    Pourvu qu'ce soit une cinéphile
    Pourvu qu'elle prenne tous les coussins
    Pourvu que ce soit le genre de compagne
    Qui parte sur les routes de campagne
    Pourvu qu'elle soit aussi de celles
    Qu'elle penche plutôt vers Modiano
    Qu'elle ne penche pas trop vers Morano

    Pourvu qu'elle veuille beaucoup de gamins
    Pourvu qu'elle se moque un peu de moi
    Pourvu qu'elle pianote le matin
    Et pourvu qu'elle aime cette chanson

    Remarque : la "peste", c'est Marine Le Pen.



     

  • Le Cid et sa descendance française

         Oyez, oyez, braves gens,

         Bien des liens unissent les terres de Burgos à la France.

         Au cours de l’histoire, on peut trouver de nombreux rapports entre elles, notamment des collaborations commerciales, économiques, culturelles, artistiques et autres, qui nous rapprochent. Bien qu'il y ait également eu de graves différences ou des conflits. Cela ne peut pas être ignoré. En fin de compte, il s’agit de la relation normale entre voisins. Mais bon, soyons positifs, malgré tout, les points communs étant plus importants que les divergences.

         Et plongé dans les eaux de l'histoire, j’ai trouvé un lien de sang particulier.

         Je vous parlerai un jour plus longuement du brave chevalier médiéval Rodrigo Díaz, Le Cid, né à Vivar (par la suite appelé del Cid), l'un des personnages les plus célèbres que cette terre ait donné, un batailleur épique, mythifié et glorifié. C'est un incontournable de ces chroniques du Gobe-mouches. Mais dans l'immédiat, je souhaiterais vous instruire sur sa descendance.

         En effet, si vous regardez de près son arbre généalogique, vous découvrirez que l'un de ses arrière-arrière-arrière-arrière-petits-enfants n'est autre qu'un roi de France! Ça vous laisse pantois, n'est-ce pas? Eh oui, croyez-moi, Louis IX, appelé aussi Saint Louis, qui a régné pendant 43 ans (ce n'est pas une bagatelle!) sur le royaume de France au XIIIème siècle, était l'un des fils de Louis VIII et de Blanche de Castille, une descendante du Cid et de son épouse Chimène.

         Il est vrai que bien d'autres mariages ont créé des liens politiques et culturels entre l'Espagne et la France. Toutefois, je tiens à souligner qu'il s'agit ici d'un personnage historique dont les ossements, ou ce qu'il en restait, ont été transférés sous nos pieds, dans notre chère cathédrale, il n'y a pas si longtemps. Oui, bon, il y a 98 ans.

         Moi, cela me laisse songeur. Du sang burgalais a coulé dans les veines de la royauté française. Je me plais à penser que notre terroir a contribué à la grandeur de nos beaux pays! Ne m'en veuillez pas d'admirer ces nobles souverains.

         Cependant, cela ne m'empêche pas de saluer tous les milliards de couples anonymes qui ont contribué également à rapprocher ces deux nations. Peut-être, modestement, avec leur comportement aimable et amical, ils ont amélioré cette convivialité entre voisins, bien plus que les contrats commerciaux et tant de personnages célèbres et renommés. Ils ont été plus efficaces que le légendaire Cid Campeador, plus que Sa Gracieuse Majesté le roi Louis IX avec son héroïque sang castillan, plus que Richelieu ou que Montesquieu, plus que Charles de Gaulle, plus que Christine Lagarde, et bien plus que l'empereur Napoléon lui-même. Les personnes inconnues construisent l’histoire aussi, n’est-ce pas ?

    (8rB remercie Laura et JJA)


  • Solution de "J'ai vu la lumière"

    Avant de lire ce billet, lis le questionnaire dans la rubrique "La puce à l'OREILLE".

    Voici les réponses aux repérages dans la chanson J'ai vu la lumière (2015) de Debout sur le Zinc.

    1. viser : cibler
    2. des chemins plus longs, pas directs : des détours
    3. un jeune homme urbain aux goûts particuliers : un hipster
    4. l'ensemble des opinions communément admises : la doxa
    5. qui brille, mais sans valeur : clinquant
    6. ça m'énerve : ça me fout le seum (familier)
    7. des tentatives : des coups d'essai
    8. le squelette fatigué : la vieille carcasse
    9. à la fois bourgeois et bohème : bobo
    10. rustre, plouc : péquenot (familier)

  • Solution de "Demain dès l'aube"

    Avant de lire ce billet, lis le questionnaire dans la rubrique "La puce à l'OREILLE".

    Voici les réponses aux repérages dans la chanson Demain dès l'aube (2019) des Frangines

    Les termes qui se rapportent à…

    • la nature : la campagne, la forêt, la montagne, le bouquet de houx, la bruyère en fleur
    • la tristesse du narrateur : je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps, seul, inconnu, le dos courbé, les yeux fixés sur mes pensées, sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, le jour pour moi sera comme la nuit, je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe ni les voiles au loin

  • Icare bâtisseur et la chance du Phénix

            Habitants de ce bas monde,

          L’une des questions que j’ai pu constater au fil des siècles est qu’en général tous les bâtiments construits, en plus d’avoir une première fonction de base, ont d’autres objectifs secondaires plus subtils. Et dans certains cas, c'est extrêmement important. Les puissants promoteurs visent avec leur immeuble à démontrer leur puissance. Ils cherchent à obtenir ainsi une preuve tangible devant tout le monde de leur pouvoir politique, économique, technique, et même religieux. Plus ils sont puissants, plus grande est leur obsession de parvenir à cet objectif et plus vif est leur plaisir de se vanter de l'atteindre. Et pour cela, ils sont entourés des meilleurs techniciens, artistes et artisans, des plus précieux matériaux et des techniques les plus avancées. Ceux-ci, de la même façon, avec une grande confiance dans la technologie, adorent défier les lois de la physique, recherchent l'innovation et aspirent à marquer un événement historique. Eh ben, vous les humains, votre comportement est compliqué à comprendre !

          Nous pouvons le vérifier dans d'innombrables bâtiments, monuments et œuvres d'art à travers l'histoire. Encore plus dans une cathédrale, avec ses connotations spirituelles, c'est-à-dire le fait de souligner non seulement le pouvoir de la religion, mais aussi l'image divine sur la terre et la quête de la permanence dans le temps de l'édifice destiné à durer des siècles afin de perpétuer l'immortalité de ses auteurs. Les bâtisseurs cherchent à susciter différentes émotions telles que la surprise, l'admiration, la fierté, le ravissement devant la beauté,...

           Et pour cela, tous les moyens disponibles sont utilisés à cette fin, même en essayant d’atteindre la limite tout en recherchant la nouveauté, en s’approchant jusqu’au bout du possible. Bref, une compétition avec le connu ou le possible.

           Tout cela est une réflexion qui me vient à l’esprit, liée à une catastrophe qui s’est passée dans cette cathédrale il y a 480 ans et qui se produit parfois dans d’autres édifices monumentaux. Hélas, c'est une autre histoire dramatique. Malheureusement, j’insiste, l’histoire est pleine de chagrins et par contre nous trouvons peu de joies. Il reste à déterminer dans quelle mesure il s’agit d’un terrible accident ou plutôt d’une tentative infructueuse de recherche de l’impossible, de risque ou d’un défi aux lois de la physique.

           Pendant la nuit du 3 au 4 mars 1539, s’est produit l’inattendu effondrement de la voûte du transept de notre cathédrale, entraînant avec elle une bonne partie des voûtes, des murs et des piliers proches, et causant de graves dommages au bâtiment. Et aussi bien sûr occasionnant un grand vacarme qui a réveillé toute la ville. Ça alors ! Ce sont mes amies les gargouilles qui me l'ont raconté car je n'étais pas encore installé en cette belle demeure. C'était la tour que l'évêque Luis de Acuña, à la fin du XVème siècle, avait ordonné de construire pour remplacer la voûte simple qui existait jusque-là. Il avait confié le projet à Jean et Simon de Cologne, qui avaient érigé une tour haute et puissante d'une grande beauté, comme le racontent les chroniqueurs. La tour devait être magnifique, fine et élancée, la fierté de tout le royaume. Bientôt, des symptômes de surcharge avaient apparu dans les piliers. La fierté de son mécène, des constructeurs et de la population en général n’a duré que 50 ans.

           Pour tout le monde, c'était incompréhensible, difficile à accepter dans un bâtiment qui symbolisait le pouvoir divin sur la terre. C’était une tragédie de la taille de l'énorme trou produit dans le toit de la nef de la cathédrale. Ce bijou était perdu pour toujours.

           Tout cela me rappelle un personnage célèbre de la mythologie de l'île de Crète, Icare, dont la fuite a été de courte durée. De fait, il était devenu étourdi dans son jeu, dans sa vanité, oubliant toute prudence, en dépit des avertissements de son père, Dédale, si bien qu'il s'est trop approché du soleil alors la cire avec laquelle ses ailes étaient collées a fondu et elles sont tombées. Par conséquent, Icare s'est précipité dans la mer.

           Mais revenons à nos moutons. Ou plutôt à notre cathédrale, au XVIème siècle. Immédiatement, le jour même de cette maudite catastrophe, les autorités ecclésiastiques, blessées dans leur orgueil, une fois les dommages constatés, se sont retroussées les manches pour que la reconstruction commence le plus tôt possible. La honte et le châtiment d'humilité étaient trop grands.

           L'évêché a sollicité les conseils des bâtisseurs les plus célèbres à l'époque, de Felipe de Vigarny, ainsi que la collaboration de Diego de Siloé et de Rodrigo Gil, et enfin, avec un projet de Juan de Vallejo, la reconstruction de la voûte du transept a commencé. Il s’agissait à nouveau d’une solution architecturale hardie. Grâce à la générosité ainsi qu'à l'enthousiasme des autorités civiles et religieuses, mais également des gens ordinaires, la construction de l'un des plus beaux trésors de la Renaissance espagnole a été érigé en quelques années. Elle s'est effectuée à un rythme frénétique, mais en mesurant prudemment chaque pas, pour s'achever officiellement en décembre 1568. Sûrement, le résultat est plus somptueux que le transept original.

            En reprenant les exemples de la mythologie grecque, nous pouvons dire que, dans ce cas, le Phénix a pu renaître de ses cendres avec une plus grande splendeur. Quand Icare devient bâtisseur, c’est la chance du Phénix. L’effondrement d'une tour, un terrible malheur, a permis la réalisation d'une merveilleuse œuvre d’art.

            Si nous n'avions pas subi cet accident, nous ne pourrions pas aujourd'hui profiter de notre joyau architectural. Et qui sait, je me demande, notre cathédrale serait-elle considérée comme un site du patrimoine mondial par l'UNESCO? Ce cas, pourrait-il servir d'exemple à d'autres bâtiments ayant subi des événements catastrophiques? Le Phénix pourrait-il bientôt passer par ces lieux? Et Icare, est-ce qu’il est en train de risquer sa vie actuellement quelque part dans le monde?

    (8rB remercie JJA)


  • Solution de la cueillette

    Avant de lire ce billet, lis la question sur la cueillette des champignons dans "Soyons CURIEUX".

    Voici la réponse :

    • la girolle : el rebozuelo
    • la morille : la colmenilla
    • la trompette de la mort : la trompeta de la muerte
    • le cèpe ou le bolet : el boletus
    • le champignon de Paris : el champiñón
    • le lactaire délicieux : el níscalo
    • le pleurote de panicaut : la seta de cardo
    • le pleurote en coquille : la seta de ostra

  • L'inventeur de Tardajos

           Et si les frères Lumière s'étaient inspirés du cinématographe d'un Espagnol, M. Díez? Faute de preuves, personne ne peut l'affirmer avec certitude, mais il y a quelques indices intéressants.

           Qui était donc Mariano Díez Tobar? Né en 1868 dans un petit village près de Burgos, Tardajos, il est entré dans les ordres à 18 ans puis a longtemps exercé comme professeur de sciences. Autodidacte, son insatiable curiosité ainsi que ses amples connaissances en mathématiques et en physique l'ont amené à concevoir plusieurs engins novateurs tels qu'une horloge commandée par la voix et… un cinématographe! Eh oui, en 1892, donc trois ans avant les Lumière, il a fabriqué un appareil capable de projeter des photographies et de recréer l'illusion du mouvement.

         Cet inventeur méconnu n'a pas rencontré les frères Lumière en personne, mais l'un de leur représentant, M. Flamereau, lors de son passage à Bilbao. Malheureusement, on ignore si M. Díez lui a cédé ou vendu son invention. En fait, peu de ses documents personnels nous sont parvenus en raison de leur destruction à sa mort, en 1926. Le fait est que sa passion pour les sciences et sa pédagogie dérangeaient certains milieux religieux et politiques de l'époque.

    (8rB remercie Fran)


  • Court mais intense

        Chers fidèles,

        Apparemment, le temps passe très lentement dans cette cathédrale. Il s’arrête presque. Depuis des siècles, rien n’a changé ici. Mais ce n’est pas tout à fait vrai : « Le temps passe, et il fait tourner la roue de la vie comme l’eau celle des moulins », écrivait Marcel Pagnol. 

        De mon emplacement, on entend le murmure des visiteurs. Comme j'ai l'ouïe très fine, j'écoute toutes les conversations des gens. Je peux vous dire que la plupart sont d'une banalité à pleurer. Les indifférents et les fâcheux ne m'intéressent pas, cela va de soi. Il y a un frémissement qui habituellement m’endort.

        Mais certains spécimens humains me semblent dignes d'intérêt. Par leur attitude et leurs paroles, ces simples mortels sortent du lot en exprimant l'admiration, la ferveur, l'humilité, la sérénité que suscite notre majestueuse cathédrale. Par ailleurs, ce lieu extraordinaire inspire également des pensées profondes.

        L'autre jour, notamment, un homme expliquait à son ami la différence entre le nécessaire et le contingent. C’est-à-dire, entre ce qui nous échappe, ce qui ne peut pas être autrement, et ce qui aurait pu ne pas exister, ce qui dépend de nous pour se produire ou pour continuer à exister.

        Voyez-vous, je ne détiens pas la recette du bonheur, trop compliquée en raison du grand nombre d'ingrédients qui participent à sa préparation (la liberté, la volonté, le hasard,…), cependant je considère que la prise de conscience de ces deux concepts opposés et leur application au quotidien rendent la perception de l'existence plus légère.

        Dans l’ancienne mythologie grecque, le dieu Chronos était la personnification du temps, et guidait sagement l'ordre de l'univers tout entier. Écoutez quelqu'un comme moi, son humble disciple, qui s’occupe modestement avec sa cloche de rappeler aux gens le temps qui passe et qui peut réfléchir entre chaque coup pour sortir de l’ennui.

        De fait, je suis convaincu que c'est la conception du temps par les humains qui les martyrise. Je les vois bien s'agiter comme de minuscules fourmis écrasées sous le poids de leurs responsabilités. Que d'affolement pour pas grand-chose! Que d'énergie gaspillée!

        De l'eau a coulé sous les ponts depuis que j'ai été hissé près des voûtes de la cathédrale. J’ai bien écouté son clapotement faire tourner la roue des moulins et s'écraser contre les piliers en pierre des ponts.

        Que de fois ai-je entendu dire "Je n'ai pas vu le temps passer"... Croyez-moi, le temps ne passe ni vite, ni lentement. Il s'écoule, seconde après seconde, inexorablement. Le temps est nécessaire, notre manière de l'occuper, contingente.

        Ce n'est pas un message original, je sais, le même conseil a été répété tout au long de l'histoire de la pensée, de l'art et de la littérature. À vous de faire vos choix et de les assumer pleinement. Acceptez mes conseils. J'ai déjà donné de nombreuses preuves d'avoir la tête sur mes épaules. Ne vous laissez pas emporter inconsciemment par le courant de l'eau. Évitez la procrastination. Ne laissez pas votre perception du temps gâcher votre présent. Si bref.

        « Passe, passe le temps, il n’y en a plus pour très longtemps » chantait Georges Moustaki.

        Carpe diem. N'est-ce pas?

    (8rB remercie JJA)


  • Solution "Noxolo"

    Avant de lire ce billet, lis le questionnaire dans la rubrique "La puce à l'OREILLE".

    Voici les réponses au petit questionnaire sur la chanson Noxolo (2014) de Jeanne Cherhal :

    1. Où se passent les faits racontés dans cette chanson?

    En Afrique du Sud, un peu à l'est de Johannesburg.

    1. Quelles sont les caractéristiques de Noxolo?

    C'est une femme noire qui porte un pantalon d'homme. Elle n'a peur de rien, dort profondément, aime une femme et vit sûrement dans un bidonville (sous un toit de rôle).

    1. Qu'est-ce qu'elle aime faire?

    Elle aime couvrir ses pieds de poussière, cracher dans l'eau, boire de la bière.

    1. Comment se termine la chanson?

    Par la mort de Noxolo. Elle a été tuée par des hommes armés de tessons de verre, au bord de la route.


  • Envie de lire?


     Légende:

    CC = Casa de la Cultura

    MC = Miguel de Cervantes

    B. = mon fonds personnel

    EOI = Escuela Oficial de Idiomas

    N.B. Les derniers titres ajoutés sont en caractère gras.

    Envie de sourire et de rire…

    • Ailleurs si j'y suis d'Antoine Laurain (B.)
    • Art et décès de Sophie Hénaff (B.)
    • Complètement cramé! de Gilles Legardinier (B.)
    • Demain j'arrête! de Gilles Legardinier (B.)
    • Jules de Didier Van Cauwelaert (B.)
    • La grammaire est une chanson douce d'Érik Orsenna (CC +EOI)
    • Le bonheur de Philippe Delerm (CC)
    • Le magasin des suicides de Jean Teulé (B.)
    • Les mafieuses de Pascale Dietrich (B.)
    • Les petits enfants du siècle de Christiane Rochefort (EOI)
    • Les récrés du petit Nicolas de Sempé et Goscinny (CC + EOI)
    • Les vacances du petit Nicolas de Sempé et Goscinny (CC + EOI)
    • L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea de Romain Puértolas (EOI + B.)
    • Merci, grazie, thank you de Julien Sandrel (B.)
    • Poulets grillés de Sophie Hénaff (EOI + B.)
    • Rester groupés de Sophie Hénaff (EOI)
    • Salut à toi ô mon frère de Marin Ledun (B.)
    • Sept histoires qui reviennent de loin de Jean-Christophe Rufin (B.)
    • Stupeur et tremblements  d'Amélie Nothomb (EOI + B.)
    • Un homme, ça ne pleure pas de Faïza Guène (B.)

     

    Envie de frissons et de suspense…

    • Au revoir là-haut de Pierre Lemaître (CC)
    • Deux gouttes d'eau de Jacques Expert (B.)
    • Entre sauvages de Colin Niel (EOI)
    • Hortense de Jacques Expert (B.)
    • La maison assassinée de Pierre Magnan (CC)
    • La mort des bois de Brigitte Aubert (B.)
    • La nuit des temps de Barjavel (CC)
    • L'assassin à la pomme verte de Christophe Carlier (B.)
    • Le concile de pierre de Jean-Christophe Grangé (CC)
    • Le dernier Lapon d'Olivier Truc (B.)
    • L'énigme des Blancs-Manteaux de Jean-François Parot (B.)
    • Le miroir des ombres de Brigitte Aubert (CC)
    • Le sang des Atrides de Pierre Magnan (B.)
    • Les sarments d'Hippocrate de Sylvie M. Jema (B.)
    • L'homme aux cercles bleus de Fred Vargas (MC)
    • L'homme à l'envers de Fred Vargas (B.)
    • L'hygiène de l'assassin d'Amélie Nothomb (MC + EOI)
    • Maldonne de Boileau-Narcejac (B.)
    • Maléfices de Boileau-Narcejac (CC)
    • Monsieur, vous oubliez votre cadavre de Pascal Laîné (EOI)
    • Pars vite et reviens tard de Fred Vargas (EOI)
    • Ravage de Barjavel (B.)
    • Regarde d'Hervé Commère (B.)
    • Robe de marié de Pierre Lemaître (B.)
    • Sauf d'Hervé Commère (EOI)
    • Seules les bêtes de Colin Niel (EOI)
    • Sous le vent de Neptune  de Fred Vargas (MC)
    • Sueurs froides de Boileau-Narcejac (B.)
    • Tabous de Danielle Thiéry (B.)
    • Trois jours et une vie de Pierre Lemaître (B.)
    • Un peu plus loin sur la droite de Fred Vargas (B.)
    • Yeruldelgger de Ian Manook (B.)

     

    Envie d'évasion…

    • Histoire du lion Personne de Stéphane Audeguy (B.)
    • Kukum de Michel Jean (B.)
    • Le grand Cœur  de Jean-Christophe Rufin (B.)
    • Le hussard sur le toit de Jean Giono (B.)
    • Les naufragés de l'île Tromelin d'Irène Frain (B.)
    • Looping d'Alexia Stresi (B.)
    • Marianne de Juliette Benzoni (CC)
    • Vendredi ou les limbes du Pacifique  de Michel Tournier (MC)

     

    Envie de psychologie…

    • Carrefour des nostalgies d'Antoine Laurain (B.)
    • Eugénie Grandet d'Honoré de Balzac (EOI)
    • Faire mouche de Vincent Almendros (B.)
    • La femme qui fuit d'Anaïs Barbeau-Lavalette (B.)
    • La symphonie pastorale d'André Gide (EOI)
    • La vagabonde de Colette (EOI)
    • La valse des arbres et du ciel de Jean-Michel Guenassia (B.)
    • Le bal des folles de Victoria Mas (B.)
    • Le chapeau de Mitterrand d'Antoine Laurain (B.)
    • Le collier rouge de Jean-Christophe Rufin (B.)
    • L'empereur c'est moi d'Hugo Horiot (B.)
    • Le journal d'une femme de chambre  d'Octave Mirbeau (B.)
    • Le liseur du 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent (B.)
    • L'étranger d'Albert Camus (CC)
    • L'homme rompu de Tahar Ben Jelloun (B.)
    • Le rapport de Brodeck de Philippe Claudel (B.)
    • Les heures silencieuses de Gaëlle Josse (B.)
    • Mister T et moi d'Élisa Rojas (EOI)
    • Nagasaki d'Éric Faye (CC + B.)
    • Nos gloires secrètes de Tonino Benacquista (B.)
    • Police d'Hugo Boris (B.)
    • Premier sang d'Amélie Nothomb (EOI)
    • Quelqu'un d'autre de Tonino Benacquista (B.)
    • Thérèse Desqueyroux de François Mauriac (EOI)
    • Thérèse Raquin d'Émile Zola (B.)
    • Tout à l'ego de Tonino Benacquista (EOI)
    • Un été de Vincent Almendros (B.)
    • Une si longue lettre de Mariama Bâ (B. + EOI)

     

    Envie d'émotions…

    • Deux femmes et un jardin d'Anne Guglielmetti (B.)
    • Ensemble, c'est tout d'Anna Gavalda (B.)
    • Entre ciel et Lou de Lorraine Fouchet (EOI)
    • Histoire d'Alice qui ne pensait jamais à rien (et de tous ses maris, plus un) de Francis Dannemark (B.)
    • La bulle de Tiepolo de Philippe Delerm (CC)
    • La consolante d'Anna Gavalda (EOI)
    • La joueuse de go de Shan Sa (EOI)
    • La petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel (CC + EOI)
    • L'Archipel du Chien de Philippe Claudel (B.)
    • La tresse de Laetitia Colombani (EOI + B.)
    • L'élégance du hérisson de Muriel Barbery (CC + MC)
    • L'enfant de Jules Vallès (EOI)
    • L'enfant de sable de Tahar Ben Jelloun (B.)
    • Le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry (EOI)
    • Le reste de leur vie de Jean-Paul Didierlaurent (B.)
    • Les échelles du Levant d'Amin Maalouf (B.)
    • Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé (B.)
    • Les victorieuses de Laetitia Colombani (B.)
    • No et moi de Delphine de Vigan (CC + EOI)
    • Patricia de Geneviève Damas (B.)

     

    Envie de biographie…

    • La vie, la mort, la vie d'Erik Orsenna (B.)
    • Molière chef de troupe de Francis Perrin (B.)
    • Une femme honorable de Françoise Giroud (B.)
    • Une vie de Simone Veil (B.)

     

    Envie de romance…

    • Et si c'était vrai de Marc Levy (EOI)
    • La bicyclette bleue de Régine Deforges (EOI)
    • La femme au carnet rouge d'Antoine Laurain (B.)
    • La part des flammes de Gaëlle Nohant (B.)
    • Le garde du cœur de Françoise Sagan (EOI)
    • Le petit sauvage d'Alexandre Jardin (CC + EOI)
    • Les yeux couleur de pluie  de Sophie Tal Men (EOI)
    • L'île des gauchers d'Alexandre Jardin (B. + EOI)
    • Oublier Marquise d'Emmanuelle de Boysson (B.)
    • Pas son genre de Philippe Vilain (B.)

  • Nul pain sans peine

     

    En exclusivité pour 8rB, voici l'interview d'un jeune boulanger de Burgos qui déborde d'énergie et de sympathie. C'est un plaisir de le regarder pétrir la pâte à pain. Les enfants qui accompagnent leurs parents se collent à la vitre pour observer, les yeux écarquillés, Santi et Amanda.

    - Bonjour Santi, on aimerait savoir si devenir boulanger est une vocation chez vous.

    - Oui, à fond!

    - Mais quel a été le déclic?

    - En fait, c'est Amanda, ma compagne, qui m'a donné le goût de la boulange. Elle vient d'une famille de boulangers alors elle a le métier dans le sang. Moi, j'ai d'abord fait des études de cuisine chez Arguiñano.

    - La boulangerie est-elle un secteur porteur?

    - En tout cas, il y a une forte demande de gens qualifiés.

    - Amanda et vous, vous êtes tous les deux salariés chez Macadamia?

    - Non, nous sommes à notre compte en tant qu'associés.

    - Qu'est-ce qui a guidé le choix de l'emplacement de votre fonds de commerce?

    - On habite dans ce quartier, voilà tout.

    - Et le fait que ce soit une rue piétonne s'avère un avantage?

    - Oui, c'est une rue en plein essor. C'est une rue passante plutôt sympa, non?

    - Santi, dites-nous quels sont les points forts et les points faibles de votre profession.

    - Moi, je trouve que c'est un métier merveilleux! On a des clients charmants. C'est un boulot très gratifiant. On adore pouvoir fabriquer un produit qu'on aime consommer nous-mêmes et offrir à nos enfants.

    - Mais les horaires ne sont pas top… Il faut se lever super tôt!

    - Non, ça va, ce n'est pas trop dur. La fermentation longue de 24h nous facilite la tâche. Et nos machines modernes aussi. En plus, comme j'ai toujours bossé dans la restauration alors je suis habité à ces horaires.

    - Depuis le 1er juillet, il y a une nouvelle réglementation concernant la fabrication du pain en Espagne. Est-elle bénéfique pour la profession?

    - Je pense que oui. Mais pas seulement pour les boulangers, pour les consommateurs aussi! Ils sont mieux informés. Il faut continuer sur cette voie car ça favorise la boulangerie artisanale.

    - Une dernière question : en France, depuis 1998, la loi autorise uniquement les artisans qui élaborent leur pain de A à Z à appeler leur commerce "boulangerie", qu'en pensez-vous?

    - Je trouve ça très bien! En Espagne, sur la devanture de certains points de vente, la belle image du boulanger devant son vieux four à pain n'est là que pour la déco, à l'intérieur on fait juste cuire du pain surgelé. Il faut différencier clairement la boulangerie artisanale de celle industrielle. Les gens regardent de près le prix du pain, mais il y en a qui voient bien la différence de qualité. Grâce à notre choix des ingrédients, du levain, de la méthode de fermentation, de pétrissage et de cuisson, on obtient un produit final d'une grande qualité. Son goût, sa texture et sa conservation sont excellents.

    - Merci infiniment, Santi et Amanda! À très bientôt!

    En résumé, la boulangerie artisanale, plus qu'un gagne-pain, c'est une vocation. Le succès de Macadamia illustre à merveille l'expression "ça se vend comme des petits pains"! Mais ils ont du pain sur la planche! ;D


  • Agadir

      Voici l'enregistrement de ce récit afin de l'écouter avant de le lire.

    Agadiragadir.mp3 (3.4 Mo)

    Agadir

               Ton lieu de naissance : Nantes. Ton nom de famille : marocain. Les aléas de la vie, tu connais. Ton patronyme aurait pu être mauritanien comme celui de ta mère ou bien français comme celui de l'homme dont elle est tombée amoureuse à 17 ans. 

              Tu n'as pas connu le déracinement, tes parents non plus. Tes grands-parents paternels ont débarqué à Marseille avec leur progéniture quelques mois après avoir tout perdu dans le tremblement de terre de 1960 qui a détruit la kasbah d'Agadir. Ton père est né à Rodez trois ans plus tard. Ta mère a vu le jour en Mauritanie, mais ses parents ont émigré en France quand elle était encore bébé. Même si elle n'a jamais remis les pieds sur la terre de ses ancêtres, elle t'a transmis les recettes familiales, telles que le "banafé", un ragoût aux oignons marinés. Tantôt elle opte pour le couscous mauritanien, tantôt pour celui marocain. Mais le plus souvent, elle concocte des plats d'inspirations très diverses. De toute façon, la cuisine, ce n'est pas ton truc. Mais si tu ne dois en citer qu'un, ton plat préféré est le ceviche d'espadon.

              C'est ta grand-mère paternelle, toujours fourrée dans ses bouquins, qui t'a appris que le nom  du "Maroc" vient de "Marrakech", la capitale des Almoravides fondée au XIème siècle. Or, l'un de tes cousins, jamais sorti de son trou, soutient qu'il découle de l'arabe "al-Maghrib", qui signifie "pays du couchant". Tu ne sais pas qui a raison donc, pour la paix dans la famille, tu as décidé que c'était un mélange des deux origines. Tu n'es pas linguiste alors tu ne vas pas te prendre la tête.

              Parfois, tu as le cul entre deux chaises. Mais c'est uniquement à cause du regard des autres. Quand tu passes tes vacances à Agadir, rien qu'en ouvrant la bouche, tout le monde sait que tu vis en France. Et pourtant, tu t'appliques à bien parler. Dans les rues nantaises, depuis ton adolescence, tu ne comptes plus le nombre de fois où les flics ont contrôlé tes papiers. À ta copine Magali, avec ses taches de rousseur et sa peau blanche, ça ne lui est jamais arrivé. Comme par hasard. Tu as compris que tu ne devais plus sortir sans ta carte d'identité, voilà tout. Ce n'est pas la mer à boire. Que les autres te collent l'étiquette d'étranger, où que tu ailles, ça t'est égal. Toi, tu te sens bien dans tes baskets, que ce soit sur une plage marocaine ou sur les bords de la Loire.

              Le soir, au creux de ton lit, tu te balades dans le souk El Had. Ou au milieu des gratte-ciel de Kyoto. Le nom d'Agadir te fait rêver, mais tu ne voudrais pas y vivre. Parfois les racines sont des entraves. Ton copain Étienne t'a tellement parlé de son voyage au Japon que c'est là que tu aimerais mettre les voiles…

    (8rB remercie Ali)