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Le Cid et sa descendance française
- Le 20/12/2019
- Dans Le Gobe-mouches
Oyez, oyez, braves gens,
Bien des liens unissent les terres de Burgos à la France.
Au cours de l’histoire, on peut trouver de nombreux rapports entre elles, notamment des collaborations commerciales, économiques, culturelles, artistiques et autres, qui nous rapprochent. Bien qu'il y ait également eu de graves différences ou des conflits. Cela ne peut pas être ignoré. En fin de compte, il s’agit de la relation normale entre voisins. Mais bon, soyons positifs, malgré tout, les points communs étant plus importants que les divergences.
Et plongé dans les eaux de l'histoire, j’ai trouvé un lien de sang particulier.
Je vous parlerai un jour plus longuement du brave chevalier médiéval Rodrigo Díaz, Le Cid, né à Vivar (par la suite appelé del Cid), l'un des personnages les plus célèbres que cette terre ait donné, un batailleur épique, mythifié et glorifié. C'est un incontournable de ces chroniques du Gobe-mouches. Mais dans l'immédiat, je souhaiterais vous instruire sur sa descendance.
En effet, si vous regardez de près son arbre généalogique, vous découvrirez que l'un de ses arrière-arrière-arrière-arrière-petits-enfants n'est autre qu'un roi de France! Ça vous laisse pantois, n'est-ce pas? Eh oui, croyez-moi, Louis IX, appelé aussi Saint Louis, qui a régné pendant 43 ans (ce n'est pas une bagatelle!) sur le royaume de France au XIIIème siècle, était l'un des fils de Louis VIII et de Blanche de Castille, une descendante du Cid et de son épouse Chimène.
Il est vrai que bien d'autres mariages ont créé des liens politiques et culturels entre l'Espagne et la France. Toutefois, je tiens à souligner qu'il s'agit ici d'un personnage historique dont les ossements, ou ce qu'il en restait, ont été transférés sous nos pieds, dans notre chère cathédrale, il n'y a pas si longtemps. Oui, bon, il y a 98 ans.
Moi, cela me laisse songeur. Du sang burgalais a coulé dans les veines de la royauté française. Je me plais à penser que notre terroir a contribué à la grandeur de nos beaux pays! Ne m'en veuillez pas d'admirer ces nobles souverains.
Cependant, cela ne m'empêche pas de saluer tous les milliards de couples anonymes qui ont contribué également à rapprocher ces deux nations. Peut-être, modestement, avec leur comportement aimable et amical, ils ont amélioré cette convivialité entre voisins, bien plus que les contrats commerciaux et tant de personnages célèbres et renommés. Ils ont été plus efficaces que le légendaire Cid Campeador, plus que Sa Gracieuse Majesté le roi Louis IX avec son héroïque sang castillan, plus que Richelieu ou que Montesquieu, plus que Charles de Gaulle, plus que Christine Lagarde, et bien plus que l'empereur Napoléon lui-même. Les personnes inconnues construisent l’histoire aussi, n’est-ce pas ?
(8rB remercie Laura et JJA)
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Solution de "J'ai vu la lumière"
- Le 11/12/2019
- Dans Soyons MALINS
Avant de lire ce billet, lis le questionnaire dans la rubrique "La puce à l'OREILLE".
Voici les réponses aux repérages dans la chanson J'ai vu la lumière (2015) de Debout sur le Zinc.
- viser : cibler
- des chemins plus longs, pas directs : des détours
- un jeune homme urbain aux goûts particuliers : un hipster
- l'ensemble des opinions communément admises : la doxa
- qui brille, mais sans valeur : clinquant
- ça m'énerve : ça me fout le seum (familier)
- des tentatives : des coups d'essai
- le squelette fatigué : la vieille carcasse
- à la fois bourgeois et bohème : bobo
- rustre, plouc : péquenot (familier)
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Solution de "Demain dès l'aube"
- Le 04/12/2019
- Dans Soyons MALINS
Avant de lire ce billet, lis le questionnaire dans la rubrique "La puce à l'OREILLE".
Voici les réponses aux repérages dans la chanson Demain dès l'aube (2019) des Frangines
Les termes qui se rapportent à…
- la nature : la campagne, la forêt, la montagne, le bouquet de houx, la bruyère en fleur
- la tristesse du narrateur : je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps, seul, inconnu, le dos courbé, les yeux fixés sur mes pensées, sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, le jour pour moi sera comme la nuit, je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe ni les voiles au loin
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Icare bâtisseur et la chance du Phénix
- Le 25/11/2019
- Dans Le Gobe-mouches
Habitants de ce bas monde,
L’une des questions que j’ai pu constater au fil des siècles est qu’en général tous les bâtiments construits, en plus d’avoir une première fonction de base, ont d’autres objectifs secondaires plus subtils. Et dans certains cas, c'est extrêmement important. Les puissants promoteurs visent avec leur immeuble à démontrer leur puissance. Ils cherchent à obtenir ainsi une preuve tangible devant tout le monde de leur pouvoir politique, économique, technique, et même religieux. Plus ils sont puissants, plus grande est leur obsession de parvenir à cet objectif et plus vif est leur plaisir de se vanter de l'atteindre. Et pour cela, ils sont entourés des meilleurs techniciens, artistes et artisans, des plus précieux matériaux et des techniques les plus avancées. Ceux-ci, de la même façon, avec une grande confiance dans la technologie, adorent défier les lois de la physique, recherchent l'innovation et aspirent à marquer un événement historique. Eh ben, vous les humains, votre comportement est compliqué à comprendre !
Nous pouvons le vérifier dans d'innombrables bâtiments, monuments et œuvres d'art à travers l'histoire. Encore plus dans une cathédrale, avec ses connotations spirituelles, c'est-à-dire le fait de souligner non seulement le pouvoir de la religion, mais aussi l'image divine sur la terre et la quête de la permanence dans le temps de l'édifice destiné à durer des siècles afin de perpétuer l'immortalité de ses auteurs. Les bâtisseurs cherchent à susciter différentes émotions telles que la surprise, l'admiration, la fierté, le ravissement devant la beauté,...
Et pour cela, tous les moyens disponibles sont utilisés à cette fin, même en essayant d’atteindre la limite tout en recherchant la nouveauté, en s’approchant jusqu’au bout du possible. Bref, une compétition avec le connu ou le possible.
Tout cela est une réflexion qui me vient à l’esprit, liée à une catastrophe qui s’est passée dans cette cathédrale il y a 480 ans et qui se produit parfois dans d’autres édifices monumentaux. Hélas, c'est une autre histoire dramatique. Malheureusement, j’insiste, l’histoire est pleine de chagrins et par contre nous trouvons peu de joies. Il reste à déterminer dans quelle mesure il s’agit d’un terrible accident ou plutôt d’une tentative infructueuse de recherche de l’impossible, de risque ou d’un défi aux lois de la physique.
Pendant la nuit du 3 au 4 mars 1539, s’est produit l’inattendu effondrement de la voûte du transept de notre cathédrale, entraînant avec elle une bonne partie des voûtes, des murs et des piliers proches, et causant de graves dommages au bâtiment. Et aussi bien sûr occasionnant un grand vacarme qui a réveillé toute la ville. Ça alors ! Ce sont mes amies les gargouilles qui me l'ont raconté car je n'étais pas encore installé en cette belle demeure. C'était la tour que l'évêque Luis de Acuña, à la fin du XVème siècle, avait ordonné de construire pour remplacer la voûte simple qui existait jusque-là. Il avait confié le projet à Jean et Simon de Cologne, qui avaient érigé une tour haute et puissante d'une grande beauté, comme le racontent les chroniqueurs. La tour devait être magnifique, fine et élancée, la fierté de tout le royaume. Bientôt, des symptômes de surcharge avaient apparu dans les piliers. La fierté de son mécène, des constructeurs et de la population en général n’a duré que 50 ans.
Pour tout le monde, c'était incompréhensible, difficile à accepter dans un bâtiment qui symbolisait le pouvoir divin sur la terre. C’était une tragédie de la taille de l'énorme trou produit dans le toit de la nef de la cathédrale. Ce bijou était perdu pour toujours.
Tout cela me rappelle un personnage célèbre de la mythologie de l'île de Crète, Icare, dont la fuite a été de courte durée. De fait, il était devenu étourdi dans son jeu, dans sa vanité, oubliant toute prudence, en dépit des avertissements de son père, Dédale, si bien qu'il s'est trop approché du soleil alors la cire avec laquelle ses ailes étaient collées a fondu et elles sont tombées. Par conséquent, Icare s'est précipité dans la mer.
Mais revenons à nos moutons. Ou plutôt à notre cathédrale, au XVIème siècle. Immédiatement, le jour même de cette maudite catastrophe, les autorités ecclésiastiques, blessées dans leur orgueil, une fois les dommages constatés, se sont retroussées les manches pour que la reconstruction commence le plus tôt possible. La honte et le châtiment d'humilité étaient trop grands.
L'évêché a sollicité les conseils des bâtisseurs les plus célèbres à l'époque, de Felipe de Vigarny, ainsi que la collaboration de Diego de Siloé et de Rodrigo Gil, et enfin, avec un projet de Juan de Vallejo, la reconstruction de la voûte du transept a commencé. Il s’agissait à nouveau d’une solution architecturale hardie. Grâce à la générosité ainsi qu'à l'enthousiasme des autorités civiles et religieuses, mais également des gens ordinaires, la construction de l'un des plus beaux trésors de la Renaissance espagnole a été érigé en quelques années. Elle s'est effectuée à un rythme frénétique, mais en mesurant prudemment chaque pas, pour s'achever officiellement en décembre 1568. Sûrement, le résultat est plus somptueux que le transept original.
En reprenant les exemples de la mythologie grecque, nous pouvons dire que, dans ce cas, le Phénix a pu renaître de ses cendres avec une plus grande splendeur. Quand Icare devient bâtisseur, c’est la chance du Phénix. L’effondrement d'une tour, un terrible malheur, a permis la réalisation d'une merveilleuse œuvre d’art.
Si nous n'avions pas subi cet accident, nous ne pourrions pas aujourd'hui profiter de notre joyau architectural. Et qui sait, je me demande, notre cathédrale serait-elle considérée comme un site du patrimoine mondial par l'UNESCO? Ce cas, pourrait-il servir d'exemple à d'autres bâtiments ayant subi des événements catastrophiques? Le Phénix pourrait-il bientôt passer par ces lieux? Et Icare, est-ce qu’il est en train de risquer sa vie actuellement quelque part dans le monde?
(8rB remercie JJA)
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Solution de la cueillette
- Le 16/11/2019
- Dans Soyons MALINS
Avant de lire ce billet, lis la question sur la cueillette des champignons dans "Soyons CURIEUX".
Voici la réponse :
- la girolle : el rebozuelo
- la morille : la colmenilla
- la trompette de la mort : la trompeta de la muerte
- le cèpe ou le bolet : el boletus
- le champignon de Paris : el champiñón
- le lactaire délicieux : el níscalo
- le pleurote de panicaut : la seta de cardo
- le pleurote en coquille : la seta de ostra
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L'inventeur de Tardajos
- Le 02/11/2019
- Dans Soyons CURIEUX
Et si les frères Lumière s'étaient inspirés du cinématographe d'un Espagnol, M. Díez? Faute de preuves, personne ne peut l'affirmer avec certitude, mais il y a quelques indices intéressants.
Qui était donc Mariano Díez Tobar? Né en 1868 dans un petit village près de Burgos, Tardajos, il est entré dans les ordres à 18 ans puis a longtemps exercé comme professeur de sciences. Autodidacte, son insatiable curiosité ainsi que ses amples connaissances en mathématiques et en physique l'ont amené à concevoir plusieurs engins novateurs tels qu'une horloge commandée par la voix et… un cinématographe! Eh oui, en 1892, donc trois ans avant les Lumière, il a fabriqué un appareil capable de projeter des photographies et de recréer l'illusion du mouvement.
Cet inventeur méconnu n'a pas rencontré les frères Lumière en personne, mais l'un de leur représentant, M. Flamereau, lors de son passage à Bilbao. Malheureusement, on ignore si M. Díez lui a cédé ou vendu son invention. En fait, peu de ses documents personnels nous sont parvenus en raison de leur destruction à sa mort, en 1926. Le fait est que sa passion pour les sciences et sa pédagogie dérangeaient certains milieux religieux et politiques de l'époque.
(8rB remercie Fran)
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Court mais intense
- Le 22/10/2019
- Dans Le Gobe-mouches
Chers fidèles,
Apparemment, le temps passe très lentement dans cette cathédrale. Il s’arrête presque. Depuis des siècles, rien n’a changé ici. Mais ce n’est pas tout à fait vrai : « Le temps passe, et il fait tourner la roue de la vie comme l’eau celle des moulins », écrivait Marcel Pagnol.
De mon emplacement, on entend le murmure des visiteurs. Comme j'ai l'ouïe très fine, j'écoute toutes les conversations des gens. Je peux vous dire que la plupart sont d'une banalité à pleurer. Les indifférents et les fâcheux ne m'intéressent pas, cela va de soi. Il y a un frémissement qui habituellement m’endort.
Mais certains spécimens humains me semblent dignes d'intérêt. Par leur attitude et leurs paroles, ces simples mortels sortent du lot en exprimant l'admiration, la ferveur, l'humilité, la sérénité que suscite notre majestueuse cathédrale. Par ailleurs, ce lieu extraordinaire inspire également des pensées profondes.
L'autre jour, notamment, un homme expliquait à son ami la différence entre le nécessaire et le contingent. C’est-à-dire, entre ce qui nous échappe, ce qui ne peut pas être autrement, et ce qui aurait pu ne pas exister, ce qui dépend de nous pour se produire ou pour continuer à exister.
Voyez-vous, je ne détiens pas la recette du bonheur, trop compliquée en raison du grand nombre d'ingrédients qui participent à sa préparation (la liberté, la volonté, le hasard,…), cependant je considère que la prise de conscience de ces deux concepts opposés et leur application au quotidien rendent la perception de l'existence plus légère.
Dans l’ancienne mythologie grecque, le dieu Chronos était la personnification du temps, et guidait sagement l'ordre de l'univers tout entier. Écoutez quelqu'un comme moi, son humble disciple, qui s’occupe modestement avec sa cloche de rappeler aux gens le temps qui passe et qui peut réfléchir entre chaque coup pour sortir de l’ennui.
De fait, je suis convaincu que c'est la conception du temps par les humains qui les martyrise. Je les vois bien s'agiter comme de minuscules fourmis écrasées sous le poids de leurs responsabilités. Que d'affolement pour pas grand-chose! Que d'énergie gaspillée!
De l'eau a coulé sous les ponts depuis que j'ai été hissé près des voûtes de la cathédrale. J’ai bien écouté son clapotement faire tourner la roue des moulins et s'écraser contre les piliers en pierre des ponts.
Que de fois ai-je entendu dire "Je n'ai pas vu le temps passer"... Croyez-moi, le temps ne passe ni vite, ni lentement. Il s'écoule, seconde après seconde, inexorablement. Le temps est nécessaire, notre manière de l'occuper, contingente.
Ce n'est pas un message original, je sais, le même conseil a été répété tout au long de l'histoire de la pensée, de l'art et de la littérature. À vous de faire vos choix et de les assumer pleinement. Acceptez mes conseils. J'ai déjà donné de nombreuses preuves d'avoir la tête sur mes épaules. Ne vous laissez pas emporter inconsciemment par le courant de l'eau. Évitez la procrastination. Ne laissez pas votre perception du temps gâcher votre présent. Si bref.
« Passe, passe le temps, il n’y en a plus pour très longtemps » chantait Georges Moustaki.
Carpe diem. N'est-ce pas?
(8rB remercie JJA)
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Solution "Noxolo"
- Le 20/10/2019
- Dans Soyons MALINS
Avant de lire ce billet, lis le questionnaire dans la rubrique "La puce à l'OREILLE".
Voici les réponses au petit questionnaire sur la chanson Noxolo (2014) de Jeanne Cherhal :
- Où se passent les faits racontés dans cette chanson?
En Afrique du Sud, un peu à l'est de Johannesburg.
- Quelles sont les caractéristiques de Noxolo?
C'est une femme noire qui porte un pantalon d'homme. Elle n'a peur de rien, dort profondément, aime une femme et vit sûrement dans un bidonville (sous un toit de rôle).
- Qu'est-ce qu'elle aime faire?
Elle aime couvrir ses pieds de poussière, cracher dans l'eau, boire de la bière.
- Comment se termine la chanson?
Par la mort de Noxolo. Elle a été tuée par des hommes armés de tessons de verre, au bord de la route.