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Le calendos
- Le 03/05/2019
- Dans MINUTE papillon!
Voici l'enregistrement de ce récit afin de l'écouter avant de le lire.
le-calendos.mp4 (1.65 Mo)
Le calendos
Pourquoi m'avoir choisi moi et par là-même mes congénères, pour le rôle d'un sot honteux et confus ? C'est trop facile de prendre des animaux comme boucs émissaires.
Certes, je ne suis pas le Phénix des hôtes de ces bois, j'ai cependant le titre de Maître corbeau; mes idées claires ne se rapportent ni à mon plumage ni à mon ramage noirs d'encre mais elles me flattent davantage, ce que vous n'avez pas compris Monsieur de la Fontaine. Vous êtes-vous seulement demandé ce que faisait ce "fromage qui pue" dans mon bec ? Je l'avais récupéré dans une décharge voisine pour ne pas me trouver fort dépourvu quand la bise serait venue. Hélas ce morceau était infesté de mouches et de vermisseaux. Sur la branche d'un arbre j'étais en sentinelle quand je vis mon ennemi le renard au pied de l'arbre, par l'odeur alléché. Je pensais qu'il allait crier famine. Au lieu de cela, trompeur et filou comme il l'était, il se mit à me trouver beau et joli. Franchement, vous me connaissez, pouvais-je vraiment le croire ? Pour qui me prenait-il avec sa ruse grosse comme un éléphant ? Je jurai, sans qu'il fût trop tard pour moi, qu'il ne me prendrait pas. Ce fromage ranci qui aurait pu marcher tout seul malgré ses vers sans pieds nous vengerait de ses sournoises et fatales approches. J'ouvris donc mon large bec et laissai tomber ma proie, ce "calendos" faisandé et ennemi mortel de nos intestins. Le renard s'en saisit et fila. Je fus pris d'un croassement rieur (si, si, c'est possible!) à la pensée de ce qui l'attendait dans sa tanière auprès de sa renarde rousse peu commode.
"Tel est pris qui croyait prendre", telle est la morale que vous auriez dû réserver à votre fable, Monsieur de la Fontaine. Vous avez eu tout faux. Je peux vous dire pour l'avoir vécu que "c'est double plaisir de tromper le trompeur" ou, en l'occurrence, que ce flatteur vécut aux dépens de... sa gourmandise !!
(8rB remercie Mariec et Nieves)
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Jouons la carte de la fraternité
- Le 25/04/2019
- Dans Soyons CURIEUX
Au départ, il s'agissait d'une initiative française de la Ligue de l'enseignement, mais depuis 2017, trois autre pays participent au projet : l'Espagne, la Croatie et la Pologne. L'année dernière, près de 150 000 enfants ont joué la carte de la fraternité! Formidable!
Dans l'éditorial du dossier pédagogique, cette citation de Victor Hugo se trouve en exergue :
« Étouffez toutes les haines, éloignez tous les ressentiments, soyez unis, vous serez invincibles. (...) C'est par la fraternité qu'on sauve la liberté ».
Victor Hugo - Actes et paroles - Pendant l'exil (1875), 5 septembre 1870
Pour en savoir plus sur ce projet en France :
https://laligue.org/jouons-la-carte-de-la-fraternite-seconde-edition-europeenne/
En Europe :
https://www.fraternity-card.eu/fr
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Quiz bilingue (1)
- Le 20/04/2019
- Dans Soyons MALINS
Avant de lire ce billet, fais le QUIZ sur le même thème. Ici, tu trouveras simplement des explications complémentaires.
Quiz bilingue (1)
Quels sont les équivalents français de ces expressions idiomatiques espagnoles?
1/ "Como quien no quiere la cosa" : Mine de rien
Comme un poisson dans l'eau : très à l'aise
Découvrir le pot aux roses : découvrir la vérité
2/ "Querer el oro y el moro" : Vouloir le beurre et l'argent du beurre
S'en mettre plein les poches : s'enrichir
Pour tout l'or du monde : pour rien au monde
3/ "Empezar la casa por la ventana" : Mettre la charrue avant les bœufs
Crier sur tous les toits : dire quelque chose à tout le monde
Se planter en beauté (familier) : échouer lamentablement
4/ "Me aburro como una ostra" : Je m'ennuie comme un rat mort
"S'ennuyer comme une huître, comme un pou" n'est pas une expression idiomatique. Mais on dit Être vexé comme un pou : très vexé
5/ "Irse a la francesa" : Filer à l'anglaise
Partir à l'espagnole
Se sauver à la parisienne
6/ "Costar un riñón" : Coûter un bras
"Coûter un rognon, un rein" n'est pas une expression idiomatique
7/ "Me importa un pepino" : Ça me fait une belle jambe
Ce n'est pas de la tarte : ce n'est pas facile
"Je kiffe le concombre" n'existe pas comme expression idiomatique
8/ "Dormir como un tronco" : Dormir comme un loir
"Dormir comme une bûche, un enfant" n'est pas une expression idiomatique
9/ "¡Apaga y vámonos!" : Laisse tomber!
Ta gueule! : tais-toi
Secoue-toi! : réagis, fais quelque chose
10 /"Buscar tres pies al gato" : Chercher la petite bête
Chercher des noises (familier) : chercher des problèmes
Avoir d'autres chats à fouetter : avoir d'autres choses plus importantes à faire
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Notre-Dame de Paris
- Le 20/04/2019
- Dans Soyons CURIEUX
Au sujet du grand incendie qui a terriblement endommagé la cathédrale Notre-Dame de Paris dans la soirée du lundi 15 avril, voici deux liens où tu trouveras des dessins qui rendent hommage au monument meurtri, mais qui expriment aussi le chagrin partagé par des milliers de personnes à travers le monde.
https://www.cartooningforpeace.org/editos/notre-dame-telle-le-phenix/
https://creapills.com/notre-dame-illustrations-hommage-incendie-20190416
Voici nos deux préférés, l'un pour l'émotion, l'autre pour la gratitude envers les pompiers qui ont sauvé la cathédrale du désastre.
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Solution On connaît la chanson
- Le 04/04/2019
- Dans Soyons MALINS
Tu as écouté le quiz musical dans la rubrique "La puce à l'OREILLE"? Si tu as tout trouvé, tu es vraiment calé(e) en chanson française. Félicitations!
Chanson nº1 : Olivia Ruiz, "Je traine des pieds" (2005)
Chanson nº2 : Charles Aznavour, "Je me voyais déjà" (1961)
Chanson nº3 : Charles Trenet, "Y a de la joie" (1936)
Chanson nº4 : Zaz, "Prends garde à ta langue" (2010)
Chanson nº5 : Thomas Dutronc, "Demain" (2011)
Chanson nº6 : Camille, "Suis-moi" (Film d'animation "Le Petit Prince", 2015)
Chanson nº7 : Boris Vian, "On n'est pas là pour se faire engueuler" (1954)
Chanson nº8 : Yves Montand, "La bicyclette" (1968)
Chanson nº9 : Jacques Brel, "Les bonbons" (1963)
Chanson nº10 : Barbara, "La solitude" (1972)
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Ce cher Hugo
- Le 04/04/2019
- Dans Le Gobe-mouches
Mes amis,
J'ai peu de défauts, mais certainement pas celui de la mythomanie! Pour prouver mes dires, je vais vous citer une biographie du grand homme qui a été écrite par son épouse Adèle Foucher, à Guernesey en 1863, en étroite collaboration avec Hugo lui-même, mais elle a été ensuite remaniée et censurée par leur fils Charles et par le poète Auguste Vacquerie. L'ouvrage s'intitule Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie. Voici un extrait du chapitre XVIII :
"À Burgos, le bonheur des enfants fut d’abord la cathédrale. Du plus loin qu’ils la virent, ils furent fascinés par l’abondance touffue de son architecture qui accumule les clochetons comme les épis d’une gerbe. À peine arrivés, il fallut la visiter. L’intérieur n’a pas cette prodigalité tumultueuse du dehors qui semble la fête de la pierre ; la richesse y est sérieuse et presque austère ; c’est la majesté après la joie. Les trois frères, Victor surtout, admiraient également ces deux caractères de la cathédrale ; ils ne se lassaient pas de regarder les vitraux, les tableaux, les colonnes ; comme Victor avait le nez en l’air, une porte s’ouvrit dans le mur, un bonhomme bizarrement accoutré, une espèce de figure fantastique, bouffonne et difforme, se montra, fit un signe de croix, frappa trois coups, et disparut.
Victor, ébahi, regarda longtemps la porte refermée.
— Señorito mio, lui dit le donneur d’eau bénite qui leur servait de cicérone, es papamoscas. (Mon petit seigneur, c’est le gobe-mouches.)
Le gobe-mouches était la poupée à ressort d’une horloge. Les trois coups frappés voulaient dire qu’il était trois heures.
Le donneur d’eau bénite expliqua aux enfants pourquoi la poupée s’appelait le gobe-mouches ; mais Victor n’entendit pas sa légende, tant il était encore ému de cette imposante cathédrale qui mêlait brusquement cette caricature à ses statues de pierre et qui faisait dire l’heure aux saints par Polichinelle.
La cathédrale n’en restait pas moins sévère et grande. Cette fantaisie de l’église solennelle retraversa plus d’une fois la pensée de l’auteur de la Préface de Cromwell et l’aida à comprendre qu’on pouvait introduire le grotesque dans le tragique sans diminuer la gravité du drame."
J'avoue que la mention de Polichinelle m'a fortement agacé la première fois que j'ai lu ce texte. Me comparer à un personnage de la commedia dell'arte! Un fourbe et un menteur! Ventru et au nez crochu! Moi, une caricature grotesque? Bah voyons! Il est vrai que le petit Victor n'avait que onze ans à ce moment-là. À cause des quinze mètres qui me séparent du sol et de son imagination débordante, me voilà affublé d'un aspect de bouffon difforme. D'autres prétendent que l'auteur de Notre-Dame de Paris s'est inspiré de moi pour son personnage de Quasimodo. Je ne suis pourtant pas bossu, cela saute aux yeux, non?
Mais il faut être indulgent avec le regard que portent sur nous les enfants… Surtout s'ils sont célèbres. Si le petit Victor a voulu m'enlaidir pour me rendre à tout jamais immortel dans l'une des plus grandes œuvres de la littérature universelle, je n'en reste pas moins le personnage extraordinaire qui l'a inspiré, n'est-ce pas? Même, je lui suis reconnaissant pour cela. Au fait... Est-ce que tous ceux qui me contemplent savent vraiment à qui ils ont affaire?
(8rB remercie Annette et JJA)
Portrait de Victor Hugo par François Émile Loizeau