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Interview d'Aliénor
- Le 04/04/2020
- Dans Soyons CURIEUX
- Votre Majesté est née en Normandie, si je ne m'abuse.
- Oui, au château de Domfront, mais il n'en reste que des ruines.
- Vous portez le prénom de votre mère, Aliénor d'Aquitaine.
- Ce n'est un mystère pour personne. Elle repose à l'abbaye de Fontevraud, près de Saumur, paix à son âme.
- Fille du roi d'Angleterre Henri II de Plantagenêt, d'emblée vous étiez vouée à une destinée remarquable!
- Sans aucun doute. Dans nos familles de noble lignée, les mariages arrangés nous propulsent sur la scène internationale. C'est ainsi que j'ai été mariée à l'âge de huit ans à Alphonse VIII.
- Votre dot comportait divers territoires au-delà des Pyrénées.
- En plus du duché d'Aquitaine, j'apportais le comté de Gascogne, en effet. Mais Alphonse n'a jamais réussi à obtenir ce dernier, sous prétexte qu'aucun document n'appuyait ses prétentions. Il a envahi le comté en 1205 pour finalement y renoncer trois ans plus tard. Vous savez, pléthore de litiges de cet ordre ont secoué l'histoire de nos royaumes.
- Vous êtes particulièrement attachée à Burgos, n'est-ce pas?
- Sous bien des angles, cette ville a une valeur inestimable à mes yeux. Elle constitue un point stratégique en Castille. En 1180, la même année où Alphonse et moi avons réussi à marier notre fille Bérengère, ou Berenguela en espagnol, à Alphonse IX de Léon, nous avons décidé de fonder un monastère féminin de l'ordre cistercien à Burgos.
- Oui, le monastère de Santa María Real de las Huelgas. N'avez-vous donc pas choisi Burgos pour des raisons sentimentales?
- Ne m'interrompez pas à tout bout de champ!
- Pardon, Majesté.
- Le choix de cette ville n'est pas uniquement lié à la politique ou à la religion, détrompez-vous. Il est indéniable qu'elle nous tient à cœur. Nous avons même décrété que Las Huelgas serait notre panthéon royal, comme Fontevraud pour les Plantagenêt en France. En outre, je tenais absolument à ce que ce monastère permette aux femmes d'atteindre un niveau de responsabilité aussi élevé que les hommes, dans le cadre de la vie monastique, cela va de soi. Vous semblez oublier les autres projets que le Roi de Castille et moi-même avons réalisés ici : le pont Malatos et surtout l'Hôpital du roi, le plus célèbre du Chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Vous avez la mémoire bien courte, je trouve.
- Mais non, je vous prie de croire que…
- Je vois bien que vous vous méprenez sur mon compte. Je ne suis pas une reine froide et calculatrice. Mes dix enfants peuvent vous le confirmer. Je leur ai procuré une excellente éducation, indépendamment de leur condition d'homme ou de femme. J'ai veillé à leurs mariages fructueux. J'ai mentionné Bérengère, or j'ai donné le jour à d'autres monarques : Henri Ier de Castille, Urraque avec Alphonse II de Portugal, Blanche avec Louis VIII de France, Aliénor avec Jacques Ier d'Aragon, cela vous parle? Henri a une santé fragile, je vous l'accorde, mais mes filles iront loin, vous verrez. Comme leur grand-mère avant moi, elles sont douées pour commander, éduquer et promouvoir la culture sans relâche. Avez-vous quelque niaiserie à rétorquer?
- Non, Majesté. Votre tout dévoué serviteur vous remercie humblement.
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Des proverbes (1)
- Le 28/03/2020
- Dans Soyons MALINS
Avant de lire ce billet, fais le QUIZ sur les proverbes (1). Ça y est? Alors maintenant, cherche les équivalents espagnols de ces proverbes français :
- Qui ne dit mot consent.
- A quien madruga Dios le ayuda.
- À quelque chose malheur est bon.
- Ir por lana y volver trasquilado.
- Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs.
- Las cosas de palacio van despacio.
- Faire contre mauvaise fortune bon cœur.
- Ni ausente sin culpa, ni presente sin disculpa.
- Les absents ont toujours tort.
- No hay mal que por bien no venga.
- Le monde appartient aux lève-tôt.
- No hay que empezar la casa por el tejado.
- Paris ne s'est pas fait en un jour.
- No por mucho madrugar amanece más temprano.
- Rien ne sert de courir, il faut partir à point.
- No se ganó Zamora en una hora.
- Tel est pris qui croyait prendre.
- Poner al mal tiempo buena cara.
- Tout vient à point à qui sait attendre.
- Quien calla otorga.
La solution se trouve ci-dessous.
1. j; 2. e; 3. f; 4. i; 5. d; 6. a; 7. h.; 8. g; 9. b; 10. c.
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Les pestiférés
- Le 18/03/2020
- Dans Le Gobe-mouches
Simples mortels,
Ces derniers jours, des pèlerins d'une drôle d’allure et aux traits asiatiques, m'ont rendu visite dans la cathédrale. J'ai remarqué avec surprise que certains d'entre eux portaient un masque médical couvrant leurs visages. Et ce n'était pas exactement le masque propre du carnaval. Il va de soi que je suis au courant du problème actuel de l'épidémie de coronavirus. Donc, avec ces nouvelles, des souvenirs terribles des fléaux du passé me sont venus à l’esprit. Et les images de vieux épisodes de jadis que je pensais oubliées se sont réveillées dans ma tête.
Depuis les années les plus sombres du Moyen Âge jusqu'au XVIIème siècle, la peste a été le compagnon de voyage inséparable de notre histoire. En ces temps lointains, plusieurs épidémies ont frappé constamment la cité de Burgos, provoquant des conséquences catastrophiques sur la société. On m’a raconté la dévastation pendant la fin du XIVème siècle, or je me souviens parfaitement des maladies endémiques qui ont eu lieu tout au long du XVIème siècle, réduisant considérablement la population, et plus récemment, celle du choléra du XIXème siècle ainsi que de la grippe appelée espagnole de 1918.
Il y a deux dates où la ville a été touchée par des épidémies de peste noire avec une force très virulente, 1565 et 1599. Après cela, la ville reste plongée dans la mort, la peur, la paralysie et donc, la désolation. La peste de 1565 est très bien documentée par les manuscrits du conseiller municipal de Burgos, Andrés de Cañas, et par ceux du notaire royal Juan de Osuna qui mène une enquête après l'épidémie.
Dans ce cas de 1565, il y a une première phase où, malgré les premières victimes détectées en mars, la Mairie nie la reconnaissance de la gravité de la maladie. En avril, tous les patients sont accueillis ensemble à l'Hôpital de la Conception. En mai et pendant l'été, il y a une forte mortalité dans la ville, et on embauche plus de médecins. Burgos souffre alors d'une grande dépopulation. En décembre, le maire déclare la ville saine, et à Noël, la cité et les rues sont nettoyées. Une fois la maladie disparue, la cathédrale est désinfectée avec l’arrosage d'eau vinaigrée dans tous les coins et grâce à la fumée de grandes quantités de plantes aromatiques. Sacrebleu! Ceux d'entre nous qui avions survécus à la peste sommes presque morts étouffés avec ces fichus traitements!
La vérité est que ce problème ne peut pas être traité avec frivolité.
Il faut comprendre que si, aujourd'hui, avec les progrès de la médecine et de la communication, et avec les bonnes habitudes de nutrition et d'hygiène, une pandémie est une calamité, au Moyen Âge avec l’ignorance générale, les superstitions, avec une pauvreté et une insalubrité généralisées, cela a été une véritable dévastation.
En outre, cette situation s'accompagne d'une nouvelle épidémie aussi contagieuse que la peste. La pire. La peur. Et un pas derrière elle, qu'est-ce qui arrive en courant? La panique. Et puis, à ce moment-là, les trompettes de l'apocalypse commencent à se faire entendre.
À l’époque, les maladies n'avaient aucune explication scientifique. La peste était une punition divine méritée à cause des péchés commis par les humains. Elle était comprise comme un fléau biblique. Par conséquent, la calamité était combattue avec les concentrations des gens pour élever leurs prières vers le ciel, la confession des fidèles, la procession des pénitents aux pieds nus, et les recettes de boissons miraculeuses. Et surtout c’était accepté avec une grande résignation. De nos jours, nous savons que tout cela a favorisé la contagion.
La situation a été enregistrée avec soin dans la documentation conservée dans les Archives de la Cathédrale. Compte tenu de la fréquence des épidémies, on a établi des normes qui ont été appliquées chaque fois que la maladie était déclarée. Le Statut de Peste était la procédure à suivre en cas d'alerte.
Parmi les mesures à prendre figurait non seulement la recommandation de quitter la ville vers les communes les plus proches mais aussi la fermeture de la ville fortifiée. Naturellement, cela n'était à la portée que des classes sociales les plus privilégiées, la noblesse, les commerçants ou les artisans. L'évêque et quelques membres du clergé pouvaient quitter la ville et se réfugier dans des couvents voisins. Cette fuite laissait la cathédrale et les églises presque sans surveillance et sans célébrations religieuses. Tout était réglé comme du papier à musique avec le roulement des curés et des sanctions pour indiscipline.
La population la plus humble avait le rôle de tomber comme des mouches. Le manque de nourriture et d'hygiène, le recyclage des vêtements et des couvertures des victimes, l'ignorance des normes sanitaires, ont favorisé une diffusion de la maladie.
Bref, les conséquences : la paralysie de l'activité commerciale, le manque de travail, la famine, le dépeuplement, la dévastation. Le bilan de l'épidémie de 1565, un paysage effrayant et une perte démographique de 10.000 personnes.
Une autre répercussion de la peste a été la disparition des médecins et des chirurgiens, et des moines de la compagnie de Jésus, les jésuites, qui ont aidé les pestiférés d’une façon très engagée.
C'était une autre époque! Cependant, il existe un certain parallélisme entre la peste et la pandémie actuelle de coronavirus. Les épidémies, dans l’antiquité et aussi maintenant, ont des retombées sociales et économiques terribles. Cela modifie le comportement et les relations, les déplacements, le travail, la consommation,… et même la façon de se saluer.
Le titre de ce billet, Les pestiférés, provient d’un très intéressant récit de Marcel Pagnol qui fait partie du bouquin Le temps des amours, et que je suis en train de relire, poussé par la recherche de lumière dans cette obscurité de l'épidémie de coronavirus. Lisez ceci : “Quand il en meurt beaucoup, on dit que c’est la peste, et ceux qui restent meurent de peur.” Ce qui est confirmé ensuite : “Ce n’était pas la peste qui avait chassé les paysans, c’était la peur.” Je vous recommande vivement de lire cette œuvre. L'histoire et la littérature se révèlent toujours riches d'enseignement.
À cette occasion, ma foi, je vois bien que c’est un heureux atout d’être un personnage en bois, et donc immunisé contre les attaques de virus. Cependant, par ailleurs, je ne le suis pas contre les invasions des mites. Restons sur nos gardes sans céder à la panique. Nous ne manquons jamais d'ennemis ou de dangers autour de nous, n’est-ce pas?
(8rB remercie JJA)
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Le tabou des règles
- Le 17/03/2020
- Dans Soyons CURIEUX
Comme les règles ont un impact médical, environnemental, économique et social, il est très judicieux de la part de Jonathan Lambinet, un youtubeur belge, de mettre en ligne cette vidéo où une jeune femme avec son pantalon tâché teste la réaction des passants. En effet, il y a ceux qui l'ignorent ou font semblant de l'ignorer, ceux avec une fascination morbide, ceux qui ricanent, ceux qui se renvoient la balle pour l'avertir… Un passant la filme avec son portable, c'était prévisible. Il trouve une explication pour justifier ce geste lâche et humiliant, mais le youtubeur et l'actrice ne sont pas dupes : ils sont convaincus qu'il voulait s'en servir pour se moquer d'elle. Heureusement, il y a aussi la solidarité féminine. Il est intéressant de montrer qu'elle peut aller au-delà du simple don d'une serviette hygiénique.
Pourquoi les hommes ne préviennent-ils pas la jeune femme que son pantalon est souillé? Par timidité? Par dégoût? Ils ont honte pour elle? Cette tâche de sang les met mal à l'aise? Est-ce un problème éducationnel?
Tournée en caméra cachée, cette vidéo (14'34) mérite d'être regardée jusqu'au bout!
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Solution "Femmes, je vous aime"
- Le 12/03/2020
- Dans Soyons MALINS
Avant de lire ce billet, lis le questionnaire dans la rubrique "La puce à l'OREILLE".
Voici les réponses à la question sur la chanson Femmes, je vous aime (1982) de Julien Clerc :
Comment sont les femmes célébrées dans cette chanson? Elles sont quelquefois si douces, quelquefois si dures, aucune n'est facile, elles sont fragiles, difficiles, quelquefois drôles, si seules
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Solution Des employés extraordinaires
- Le 06/03/2020
- Dans Soyons MALINS
Avant de lire ce billet, regarde la vidéo sur Le Reflet dans "Soyons CURIEUX".
Voici les réponses :
- Combien d'employés extraordinaires travaillent au Reflet Nantes? Il y en a 7.
- Pourquoi l'architecture d'intérieure et le design des objets ont-ils été adaptés? Parce qu'ils sont porteurs de Trisomie 21.
- Pour Thomas, en résumé, bosser avec eux est une… aventure humaine.
- Leur façon d'appréhender la vie a quel effet sur Virginie? Ça déteint positivement sur elle.
- Pour Flore, il s'agit d'un double défi, lequel? Au-delà de l'objet social, elle veut que son établissement soit reconnu comme un restaurant de qualité.
- Pourquoi ont-ils ouvert un Reflet à Paris? Afin de multiplier l'impact de leur initiative. Il faut arrêter de voir l'intégration professionnelle des handicapés comme une contrainte. Il faut voir tout ce que á apporte à une équipe, à un employeur, à la société.
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Le spectaculaire Méliès
- Le 04/03/2020
- Dans Soyons CURIEUX
À ne pas rater : l'exposition sur Georges Méliès (1861-1938) sur la Promenade Atapuerca, devant le Musée de l'Évolution. Elle dure jusqu'au 24 mars*. C'est gratuit et enrichissant à la fois! Parmi les objets exposés, c'est la maquette des studios cinématographiques de Méliès à Montreuil qui attire particulièrement l'attention des visiteurs.
Au premier plan à gauche, on peut voir Georges Méliès à l'œuvre.
Au sujet de la présence de ce pionnier génial à la première projection des frères Lumière à Paris le 28 décembre 1895, il existe une anecdote curieuse qui ne figure pas dans l'expo. Comme il a tout de suite été intéressé par l'invention des Lumière, Méliès leur a demandé de la lui vendre. Or, Auguste lui a répondu : "Remerciez-moi, je vous évite la ruine car cet appareil, simple curiosité scientifique, n'a aucun avenir commercial!".
* Les horaires de l'exposition : en semaine, de 12h30 à 14h puis de 17h à 21h; le week-end de 11h à 14h puis de 17h à 21h.