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Il y a 333 ans...

Lettre de Madame de Sévigné à sa fille, le jeudi 30 avril 1687 :

« Surtout, ma chère enfant, ne venez point à Paris !

Plus personne ne sort de peur de voir ce fléau s'abattre sur nous, il se propage comme un feu de bois sec. Le roi et Mazarin nous confinent tous dans nos appartements. Monsieur Vatel, qui reçoit ses charges de marée, pourvoie à nos repas qu'il nous fait livrer.

Cela m'attriste, je me réjouissais d'aller assister aux prochaines représentations d'une comédie de Monsieur Corneille "Le Menteur", dont on dit le plus grand bien. 

Je ne peux plus vous narrer les dernières intrigues à la Cour, ni les dernières tenues à la mode.

Heureusement, je vois discrètement ma chère amie Marie-Madeleine de Lafayette : nous nous régalons avec les Fables de Monsieur de La Fontaine, dont celle, très à propos, « Les animaux malades de la peste » ! « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés ».

Je vous envoie deux drôles de masques ; c'est la grande mode. Tout le monde en porte à Versailles. C'est un joli air de propreté, qui empêche de se contaminer.

Je vous embrasse.»

Eh non, la marquise de Sévigné n'était pas visionnaire malgré elle! Pour la simple et bonne raison qu'elle n'a jamais écrit cette lettre. En réalité, il s'agit d'un pastiche qui circule sur les réseaux sociaux. Tout d'abord, il n'y a pas eu d'épidémie en 1687. Ensuite, Mazarin est mort en 1661.

N'empêche, le texte est bien tourné et nous interpelle car on y retrouve des points en commun avec notre situation actuelle. Comme l'affirmait l'écrivaine danoise Karen Blixen, "tous les chagrins sont supportables si on en fait un conte, ou si on les raconte".

(8rB remercie Yves)