Interview d'une droguiste dans le vent

Marta de 4eco recadreDans la rue Machado de Burgos, une droguerie pas comme les autres a ouvert ses portes en 2018. C'est Marta Sáiz toujours prête à donner de bons conseils pratiques avec le sourire, qui gère ce local qui fait partie des magasins du réseau 4eco créé à Vitoria en 2013. Le concept est simple : la vente en vrac de produits ménagers. Les clients peuvent ainsi faire remplir un contenant de leur choix, sauf les bouteilles d'eau car cela pourrait prêter à confusion et causer de graves intoxications. Du coup, ils achètent la quantité qu'ils souhaitent. En réutilisant des emballages en plastique, tous participent à la volonté de réduire les déchets polluants. La boutique propose aussi toute une gamme de produits biodégradables et écologiques pour l'hygiène personnelle ainsi que domestique, allant des cotons-tiges au filtre de charbon pour eau potable.

  • Marta, qu'est-ce qui vous a poussée à vous lancer dans ce type de commerce?
  • Mon ancien travail ne m'apportait aucune satisfaction personnelle, c'était juste un job alimentaire. Je voulais contribuer à la sauvegarde de l'environnement, mais je ne savais pas trop comment jusqu'au jour où quelqu'un m'a parlé d'une boutique de 4eco à Aranda del Duero. Ça m'a donné l'idée. Il me semblait que je pouvais apporter ma pierre à l'édifice écologique.
  • Et 4eco, c'est une franchise?
  • Non, c'est un réseau de magasins qui vendent des produits ménagers en vrac. 4eco est notre fournisseur principal, mais on a carte blanche pour choisir ce que l'on veut vendre. C'est cette liberté qui m'a tout de suite plu, bien que ça donne plus de travail. 4eco conseille, mais n'impose rien, même pas le nom de la boutique. J'aime bien aussi sa politique d'économie circulaire. Par exemple, une fois que les bidons de produits ménagers sont vides, je les stocke et les renvoie à l'usine au moment d'une nouvelle livraison pour qu'ils soient à nouveau remplis là-bas. On ne jette donc pas les emballages.
  • Quels ont été vos critères pour choisir l'emplacement du magasin?
  • Je voulais surtout une rue passante et un endroit où on pouvait se garer facilement car les clients doivent parfois repartir avec des achats lourds à porter. Je souhaitais être dans le centre de la ville.
  • Que pouvez-vous nous dire sur la clientèle?
  • Les trois premiers mois, j'ai passé mon temps à expliquer à tout le monde comment fonctionnait cette vente en vrac. Parmi les clients, il y a de tout. Je vois bien que la question du plastique inquiète de plus en plus de gens. Je me suis vite sentie reconnaissante envers eux car j'ai un public très fidèle.
  • Quels sont les produits que vous vendez le plus?
  • Globalement, ce qui marche le mieux, ce sont les produits ménagers basiques, c'est-à-dire la lessive, l'assouplissant, le produit vaisselle, le nettoyant pour le sol et le nettoyant multi-usage. Pour ce qui est des cosmétiques, c'est surtout le shampoing solide, sans aucun doute. Il y a aussi les crèmes pour le corps et les huiles essentielles. Mais ça dépend des moments.
  • Quels projets avez-vous?
  • Je serais ravie d'ouvrir un autre point de vente à Burgos, mais dans la situation actuelle, ce n'est pas viable. J'essaie de trouver de bonnes alternatives au plastique, avec un bon rapport qualité-prix. Certains produits ménagers reviennent au même prix que dans la grande distribution ou même parfois moins cher car les doses à employer sont plus petites. Ce sont souvent des produits concentrés. Côté cosmétiques, je cherche toujours des produits bio sans emballage en plastique, mais ce n'est pas toujours possible.
  • Vous considérez-vous écologiste?
  • En fait, j'ai supprimé tous les "–istes" de ma vie! Je n'aime pas les étiquettes qu'on colle sur les gens. Comment disent les bouddhistes, il faut essayer de faire le maximum de bien aux êtres en général, ou du moins, si l'on ne peut pas fait le bien, ne pas faire le mal. Je ne peux pas sauver le monde, mais je peux réduire ma consommation de plastique pour que les êtres vivants se portent mieux.
  • Comment peut-on encourager les gens à renoncer aux objets en plastique à usage unique?
  • Je suis convaincue que l'on doit soupeser ce dont on a réellement besoin à ce moment précis. Je veux dire qu'on peut parfois trouver le même produit mais sans plastique à un autre endroit. Ça demande un effort. Il faut se demander d'où vient le produit, qui l'a fabriqué et comment. Finalement, je trouve que le fait de se dire qu'on n'a pas besoin de tous ces trucs apporte un sentiment de liberté. On sait enfin dire non à toute la pub qui nous entoure. On a la liberté de dépenser son argent dans d'autres types de produits. Ça favorise donc l'usage rationnel des choses.
  • Bien parlé, Marta! Merci et à bientôt!

Sur le vrac, un article :

https://www.consoglobe.com/zero-dechet-vente-en-vrac-cg

Sur les cotons-tiges :

https://www.bioalaune.com/fr/actualite-bio/38107/cotons-tiges-plastique-quelles-alternatives-nettoyer-oreilles

Et une vidéo sur une droguerie bio à Périgueux :

https://www.youtube.com/watch?v=mt5Vrll8sDA&feature=emb_logo


 
 
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